Pays avec taux d’intérêt négatif : découvrez la liste complète !

Un taux d’intérêt en dessous de zéro : l’idée semblait autrefois relever du pur exercice de style financier. Pourtant, c’est devenu le quotidien de plusieurs économies majeures, défiant la logique qui veut que prêter rapporte toujours quelque chose.

Des États jugés parmi les plus stables de la planète ont franchi le pas, bousculant les habitudes des marchés et des épargnants. Europe, Asie : la stratégie a gagné du terrain, laissant des traces tangibles sur la manière dont les gouvernements, les banques et même les particuliers gèrent leur argent.

Comprendre les taux d’intérêt négatifs : définition et origines

Le taux d’intérêt négatif a longtemps appartenu aux manuels d’économie avant de s’imposer dans les faits. Quand une banque centrale pousse son taux directeur sous zéro, prêter n’est plus synonyme de gain : il faut payer pour que son argent soit accepté. Cette logique s’est manifestée en particulier dans la zone euro lors de l’instauration du taux de dépôt négatif par la BCE.

Tout est parti d’un contexte économique grippé : inflation qui piétine, croissance qui stagne. Face à cette inertie, la Banque centrale européenne a abaissé dès 2014 son taux de dépôt sous le plancher, espérant dynamiser le crédit et soutenir l’emploi. D’autres institutions, du Danemark à la Suisse en passant par le Japon, ont adopté la même voie pour défendre leur monnaie ou tenter de relancer l’investissement.

Ce glissement interroge jusqu’à la notion de taux d’intérêt naturel : ce niveau où l’offre et la demande de capitaux s’équilibrent. En période de ralentissement, le taux d’intérêt nominal peut descendre en territoire négatif, bouleversant les repères traditionnels.

Ce choix politique a modifié la perception du risque, reconfiguré la valorisation des actifs et transformé la transmission monétaire. Les institutions financières et les épargnants ont dû s’adapter à un monde où la liquidité n’est plus systématiquement rémunérée.

Pourquoi certains pays choisissent-ils d’adopter des taux négatifs ?

Les autorités monétaires ajustent leur stratégie selon les signaux de l’économie. Quand la croissance marque le pas, que l’inflation patine ou que l’investissement s’épuise, certaines banques centrales n’hésitent pas à abaisser leurs taux jusqu’à passer sous zéro. Objectif : relancer le crédit, soutenir la demande, éviter l’enlisement.

Pour la BCE, faire baisser le taux de dépôt visait à pousser les banques à prêter plutôt qu’à thésauriser. Même approche au Danemark et en Suisse, où la priorité était de préserver la compétitivité et d’éviter une envolée de leur devise. Les taux négatifs sont alors venus s’ajouter à de vastes programmes d’achats d’actifs qui ont inondé les marchés de liquidités.

Facteurs déclencheurs

Voici les principaux éléments qui ont poussé certaines économies à franchir le cap :

  • Demande privée en berne : ni la consommation ni l’investissement ne reprennent réellement.
  • Inflation en-dessous des objectifs : la BCE et d’autres banques agissent pour éviter la spirale déflationniste.
  • Chocs extérieurs et incertitudes : commerce mondial fragilisé, tensions géopolitiques, ralentissement généralisé.

En misant sur les taux d’intérêt négatifs, les décideurs tentent de répondre à des déséquilibres profonds. Le risque se redessine, les anciennes références vacillent, et tous les acteurs doivent composer avec une nouvelle donne où le rendement du capital n’est plus systématique.

Liste complète des pays ayant appliqué des taux d’intérêt négatifs

La zone euro a ouvert la voie à cette transformation monétaire. Dès 2014, la BCE a instauré un taux de dépôt négatif, entraînant l’ensemble de ses membres dans cette expérience. Parmi eux : France, Allemagne, Espagne, Italie, mais aussi Pays-Bas, Belgique, Autriche, Finlande… autant de pays dont les taux souverains à court terme sont passés en dessous de zéro, parfois sur toute la courbe des obligations d’État.

Au-delà de la zone euro, le Danemark a pris les devants dès 2012, sa banque centrale cherchant à freiner la hausse de la couronne. La Suisse a suivi pour protéger sa monnaie, et la Suède a elle aussi testé la formule. Le Japon est entré dans le cercle en 2016, confronté à une inflation faible et à une croissance à la peine.

Pays concernés par des taux directeurs négatifs (au moins à un moment depuis 2012)

Voici la liste des pays qui ont franchi le seuil du taux directeur négatif à un moment donné :

  • Zone euro (BCE) : France, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas, Belgique, Autriche, Finlande, Portugal, Irlande, Slovénie, Slovaquie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Grèce, Chypre, Malte, Luxembourg
  • Danemark
  • Suisse
  • Suède
  • Japon

Les taux d’intérêt négatifs n’ont pas seulement touché la gestion des banques centrales. Ils se sont aussi propagés aux marchés de la dette souveraine. À l’été 2019, plus de 15 000 milliards de dollars d’obligations affichaient un rendement inférieur à zéro, y compris pour les titres français et allemands. Cette phase restera comme un jalon marquant pour la gestion de la liquidité mondiale et les choix stratégiques des banques centrales.

Jeune femme utilisant une application bancaire en ville

Quels impacts concrets pour les économies et les citoyens ?

Instaurer des taux d’intérêt négatifs, c’est bouleverser l’équilibre classique du financement. Du côté des entreprises, la dette devient quasi-gratuite : investir, se refinancer ou renforcer sa trésorerie coûte moins cher, parfois même rien du tout. En France et en Allemagne, les charges liées à la dette souveraine ont fondu de plusieurs milliards, allégeant les finances publiques. Mais l’autre face de la médaille touche l’épargnant, dont les placements sécurisés rapportent désormais moins, parfois même coûtent.

Pour les ménages, la dynamique change radicalement. L’accès au crédit immobilier s’est largement ouvert, profitant de conditions sans équivalent. Cela a entraîné une forte hausse des prix dans les grandes villes et rendu l’achat plus difficile pour de nombreux primo-accédants. Les banques, elles, ont dû revoir leurs marges : l’épargne n’est plus une source de revenus, et les dépôts deviennent parfois un fardeau à gérer. En Suisse ou au Danemark, certains établissements ont même appliqué des taux négatifs aux gros dépôts, faisant payer la sécurité de conserver son argent en banque.

Le choix d’une politique monétaire très souple par la BCE et ses équivalents nordiques a permis de soutenir la croissance et de contrer la déflation. Mais ce levier ne va pas sans débat : jusqu’où pousser la relance sans fragiliser la stabilité du système ? Les effets sur la consommation ne sont pas toujours limpides, entre volonté de dépenser et inquiétude pour l’avenir. Les États disposent d’une marge budgétaire inédite, mais les écarts se creusent entre ceux qui vivent de leur patrimoine et ceux qui dépendent des revenus de l’épargne.

Dans cette nouvelle ère monétaire, le rendement n’est plus un droit acquis. Chacun doit s’adapter à un jeu où la règle du gain automatique s’efface, laissant place à des choix plus nuancés, parfois risqués, toujours décisifs.